Avec le diabète, le problème ne vient pas toujours de l’alimentation
Les doses inexactes d’insuline: un enjeu sous-estimé
Selon plusieurs analyses cliniques, jusqu’à 30 % des épisodes d’hypo ou d’hyperglycémie sont liés à la difficulté de trouver LA bonne dose d'insuline plutôt qu’à un excès alimentaire.
Ceci, à plusieurs niveaux :
• Dose inexacte : simple erreur de calcule ou ratio glucides/insuline incorrect • Moment non-optimal : injection trop tôt ou trop tard au moment du repas
• Petit soucis technique : technique d’amorçage du stylo injecteur non exécuté, aiguille inchangé à chaque injection, site non alterné
• Limites dans la précision des mesures : capteur ou glucomètre imprécis (±15 %), vieux glucomètre
• Ajustement en fonction de la réalité du moment non pris en compte : dose inchangée malgré maladie ou changement d’horaire
À retenir : même une dose parfaitement calculée peut donner un résultat imprévisible si la technique ou le timing n’est pas optimal.
Quand les chiffres montent… quoi vérifier avant de blâmer son assiette ?
Voici les facteurs à vérifier et pourquoi ainsi que des exemples concrets
Heure d’injection - Une injection trop tardive peut laisser la glycémie grimper -Insuline rapide donnée 20 min après le repas *la plupart des insulines doivent être injecté avant le repas
Site d’injection - Une zone trop utilisée absorbe moins bien l’insuline - Toujours piquer dans la même cuisse peut endommager le tissu et limiter l’insuline absorbée
Stress ou émotions - Le cortisol augmente la glycémie - Journée chargée au travail = glycémie plus haute
Sommeil insuffisant - Réduit la sensibilité à l’insuline
Nuit de 4 h → glycémie matinale de 9 mmol/L
Activité physique - Le manque de mouvement réduit la captation du glucose - Journée assise devant l’ordinateur
Autres médicaments - Certains médicaments augmentent la glycémie - Corticostéroïdes
Fonction rénale ou hépatique - Modifie le métabolisme de l’insuline - Glycémies plus basses malgré mêmes repas
Comment réduire ces enjeux
1. Réviser sa technique avec un professionnel de la santé au besoin. Parfois une fois par an n'est pas surpeflu car comme dans tout, on prend parfois des mauvais plis.
2. Utiliser des aiguilles de 4 mm et changer de site à chaque injection.
3. Vérifier le bon fonctionnement du capteur ou du glucomètre.
4. Tenir un journal de bord lorsque plus rien ne fait de sens: repas, doses, glycémies, activité, stress.
5. Apprendre à analyser ses ratios et doses pour le faire à chaque changement de routine. Le réviser en équipe avec son professionnel de la santé au besoin ou lors des rendez-vous.
6. Tenter de se tenir informer régulièrement sur les nouveaux dispositifs.
7. Dans la mesure du possible, favoriser la régularité : mêmes heures de repas et d’injection.
Le mot de la nutritionniste
L’alimentation est une pièce essentielle du casse-tête, mais elle n’explique pas tout. Quand la glycémie dérape, il faut adopter une approche de détective : observer, noter, comprendre, corriger. La clé d’un bon équilibre glycémique, c’est la compréhension et la cohérence : alimentation, insuline, activité, sommeil, stress, santé générale.
Pour aller plus loin
• Diabète Québec – Les glucides au menu
• Santé Canada – Guide sur l’utilisation sécuritaire de l’insuline
• Diabète Canada
• Guide d’utilisation des différents capteurs de la glycémie et glucomètres sur le marché : marges d’erreur et interprétation du coefficient de variabilité
Nancy Boisvert, nutritionniste, éducatrice agréée en diabète

