Cinq raisons d’arrêter de se peser chaque jour (ou tout court!)

28 Janvier 2019

À une époque où l’obésité est à la fois épidémique et méprisée, les régimes miracles amaigrissants à la mode et la minceur un standard de beauté, on a tendance à mettre l’accent sur le poids. Pourtant, à moins d’une raison médicale particulière, il ne devrait pas être LE centre d'intérêt. Voici pourquoi :

Il est sujet à (mauvaise) interprétation

Le poids d’une personne ne donne aucune indication sur la proportion de chacun de ses constituants (muscles, gras corporel, eau...). Or, la composition corporelle est un indicateur aussi, sinon plus important que le simple poids.

Une démarche de perte de poids saine qui comprend de la musculation peut résulter en une stagnation du poids (voire une augmentation) en raison de la prise de masse musculaire. Il est donc possible d’avoir bel et bien perdu du gras, alors que la balance laisse croire que tous ces efforts n’ont mené à aucun résultat!

Au contraire, on se réjouit habituellement d’une perte de poids rapide. Mais celle-ci indique presqu’à tout coup une perte de masse musculaire (et d’eau), ce qui n’est pas souhaitable à long terme.

La vraie perte de poids (gras) est visible à l’oeil nu

À poids égal, le gras est plus volumineux que le muscle. Donc à poids (et taille) égal, une personne musclée aura l’air plus mince qu’une personne ayant un pourcentage de gras plus élevé. Vous pouvez donc vous fier à votre reflet dans le miroir et à la façon dont vous vous sentez dans vos vêtements ;)

Fluctuations normales

Certains facteurs peuvent faire varier le poids de quelques livres du jour au lendemain (ou au cours d’une même journée), de façon temporaire.

Niveau d’hydratation. Le corps est composé en moyenne de 42 litres d’eau. Mais il ne s’agit pas d’une réserve fixe. Le corps utilise et élimine 2 à 3 litres d’eau par jour. Ce processus est entre autres influencé par notre alimentation (ex. : rétention d’eau à la suite de la consommation d’un repas très salé), notre mode de vie (on peut penser à la sudation lors d’un exercice physique), la température et le taux d’humidité. Sachant que ½ litre d’eau correspond environ à 1 livre, pas étonnant que nos réserves d’eau puissent influencer grandement notre poids.

Le jour de la semaine. Il est démontré que notre poids est plus élevé au début de la semaine (dimanche/lundi) et qu’il diminue ensuite pour être au plus bas le vendredi. Nos habitudes de vie expliqueraient ce phénomène.

Vitesse du transit intestinal. Pour des raisons évidentes, ça pèse dans la balance!

Changement hormonal. Chez la femme, le poids peut varier en fonction de la phase du cycle menstruel (hé oui!). Si un suivi pondéral est réellement souhaité, mettre les pieds sur la balance une seule fois par mois, au même stade du cycle, semble l’idéal.

La balance n’est pas un indicateur de santé

C’est bien connu, l’embonpoint et l’obésité augmentent les risques de problèmes de santé, notamment l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2. Mais une personne en surpoids peut être métaboliquement saine, c’est-à-dire ne présenter aucun facteur de risque cardio-métabolique. En revanche, être mince n’est pas un gage de santé. 

Mieux vaut miser sur l’adoption de saines habitudes alimentaires ainsi que sur un mode de vie actif à long terme, pour les bonnes raisons et dans le plaisir. Parce que peu importe le poids, bien manger et bouger ne peut avoir que des effets positifs sur la santé.

Et qu’en est-il de votre santé mentale ?

Le poids est multifactoriel. Il dépend évidemment de la balance énergétique (quantité de calories ingérées versus calories dépensées), mais il ne se limite pas à cette simple équation, loin de là! Il est influencé par l’âge, la génétique, le stress, la prise de médicaments, les habitudes de sommeil et l’historique de fluctuation du poids et des diètes. Des études tendent même à démontrer qu’il y aurait un lien entre notre poids et notre microbiote. En effet, une altération de la composition et de la diversité de notre flore intestinale pourrait affecter notre métabolisme énergétique. Fascinant, hein!?

Tout ça pour dire que nous n’avons pas le plein contrôle sur notre poids! Viser un résultat qui est loin de notre poids naturel peut vite mener à du découragement, une dévalorisation de soi et une relation difficile avec notre corps et la nourriture.

Bref, la balance n’indique rien de plus que la force de pesanteur exercée sur votre corps par la Terre. C’est une question de gravité. Point. Final.

Il s’agit d’un indicateur parmi d’autres.

Ne laissez pas ces chiffres définir qui vous êtes!

Amélie Boulet, Dt.P.
Diététiste-nutritionniste, membre de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec


Amélie fait de la pratique privée à Terrebonne et Repentigny, ainsi que des consultations à distance. Elle est partenaire dans un regroupement de nutritionnistes se partageant différentes spécialités en vue de vous offrir un service qui satisfait vos besoins réels. Amélie croit que bien se nourrir devrait se faire dans la simplicité et le plaisir. Avec elle, la privation et la culpabilité ne sont pas au menu!

Références

Extenso. Des obèses en santé : Vraiment?. 2016.
http://www.extenso.org/blogue/des-obeses-en-sante-vraiment/178/
Obesity Facts, The European Journal of Obesity. Weight Rhythms: Weight Increases during Weekends and Decreases during Weekdays. 2014
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5644907/
Scientific American. To what degree is a person's body weight affected by the ambient temperature and humidity? Do we conserve or release water as the climate changes?
https://www.scientificamerican.com/article/experts-body-wieght-ambient-temperature/
OPDQ. Le poids. https://opdq.org/reinventez-vos-habitudes-alimentaires/le-poids/
Brusaferro, A.; Cozzali, R.; Orabona, C.; Biscarini, A.; Farinelli, E.; Cavalli, E.; Grohmann, U.; Principi, N.; Esposito, S. Is It Time to Use Probiotics to Prevent or Treat Obesity? Nutrients 2018, 10, 1613.


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