Qu’est-ce que ça fait une nutritionniste clinicienne?

31 Mars 2018

Moi qui suis nutritionniste dans un CHU pédiatrique, je me fais souvent demander c’est quoi ma job. Est-ce de chicaner des enfants quand ils ne veulent pas manger leurs légumes?

Pas vraiment, non! Des fois je leur conseille même de ne pas manger certains légumes…Tout plan de traitement nutritionnel passe d'abord par une évaluation clinique et requiert notre jugement clinique. 

En fait, tout le monde a sa petite idée préconçue de ce que fait une nutritionniste. Pour le grand public, une nutritionniste est une sympathique personne qui donne des conseils sur la bonne alimentation et la perte de poids à la télévision. L'importance de l'éducation de la population sur les multiples enjeux nutritionnels n'est plus à démontrer aujourd'hui. Mais moi qui suis nutritionniste dans un hôpital pédiatrique, est-ce que je passe mon temps à convaincre des enfants malades de manger plus de brocoli? Pas du tout!

Dans le cadre de mes fonctions, je partage avec plusieurs autres professionnels de la santé, la tâche complexe d'aider des enfants, avec des conditions de santé précaires, à avoir les apports nutritionnels suffisants pour se développer normalement, physiquement comme cognitivement, malgré les risques de dénutrition importants associés à ces conditions.

Ici, les traditionnels 3 repas/3 collations sont très souvent remplacés par des suppléments nutritionnels, de la nutrition entérale (sonde dans l’estomac ou l’intestin) et/ou de la nutrition parentérale (voie intraveineuse).

Ce n’est certainement pas pour gérer des histoires d’assiettes non terminées que les nutritionnistes en milieu hospitalier sont sur appel (de garde) les fin de semaine..

Qui a besoin de nous, et pourquoi donc?

Insuffisance rénale chronique
. Les restrictions alimentaires sont multiples. Fruits/légumes, produits laitiers, viandes, etc. Malgré cela il faut assurer une croissance et un maintien de la masse musculaire en vue d’une future greffe de rein.

Fibrose kystique. Cette condition amplifie grandement les besoins énergétiques tout en défiant l'absorption même de certains macronutriments. Il faudra comprendre le contenu de son assiette puis compenser la malabsorption par une prise d’enzyme adéquate et/ou des suppléments nutritionnels.

Malformation cardiaque à la naissance. L’activité même de téter/se nourrir, est exigeante. Ainsi, l’emploi d’une formule de lait enrichi et/ou une d'une sonde d'alimentation entérale devient crucial.

Maladies métaboliques. Restrictions en certains acides aminés précis qui composent les protéines. Impossible de ''simplement'' éviter leur consommation compte tenu leur rôle essentiel à toutes les fonctions du corps.

Troubles neurologiques/épilepsie. La diète cétogène (la vraie) fait partie intégrante du traitement chez certains enfants atteints.

Pour se sortir de ces impasses et bien d'autres encore, il faut des nutritionnistes cliniciennes spécialisées en: génétique, néphrologie, fibrose kystique, oncologie, néonatalogie, gastro-entérologie, diabète, endocrinologie, cardiologie, etc.

Contrairement à la croyance populaire, le guide alimentaire canadien (GAC) est très loin d’être dans nos têtes de clinicienne lorsque l’on entreprend un plan de traitement nutritionnel. D’ailleurs, si on a passé 30 minutes sur le GAC en 4 ans de baccalauréat c’est beau. Nous nous fions d’abord et avant tout sur notre jugement clinique, quelque chose que nous avons développé avec de nombreux cours de sciences, de nombreuses heures de stages en milieu clinique et avec l’expérience. Les nutritionnistes ne font aucun profit en recommandant des produits: les naturels (fruits, légumes, etc), comme les pas naturels (suppléments, pilules, gélules, etc).

La nutrition aborde plusieurs aspects de la sphère public, mais quand il s’agit de problèmes de santé, ce sont les spécialités médicales, et parfois pédiatriques ou gérontologiques, qui définissent notre travail de clinicien(ne)s.

Voilà ce que peuvent faire les nutritionnistes cliniciennes.

Claudia


Claudia est une nutritionniste qui offre de la consultation au privé à Terrebonne, Repentigny et Laval. Sa passion numéro 1 sont les défis reliés au diabète (type 1 et 2). Elle est partenaire dans un regroupement de nutritionnistes se partageant différentes spécialités en vue de vous offrir un service qui répond à vos besoins réels. Claudia travaille également au CHU Sainte-Justine depuis plus de 7 ans et se spécialise en nutrition pédiatrique ainsi qu’en maladies métaboliques de toutes sortes. Elle est aussi une nutritionniste engagée. Elle travaille au sein d’Agrément Canada à titre d’expert du partenariat de soins avec les patients et est consultante à l’Université de Montréal auprès de la faculté de médecine.

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