Nourrir la voie vers la vérité et la réconciliation

30 Septembre 2025

Chaque année, le 30 septembre, les Canadiens soulignent la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. C’est une journée pour se souvenir, réfléchir et montrer du respect envers les peuples autochtones.

Une visite à Odanak

La semaine dernière, lors d’une journée pédagogique, avec mon fils et ma mère nous sommes allés à Odanak, le village de la Première Nation abénakise pour visiter le Musée des Abénakis, l’un des plus anciens musées autochtones du Québec. On y raconte l’histoire du peuple abénaki, sa force, ses traditions et sa capacité à s’adapter malgré la colonisation.

Ce qui m’a marquée, en visitant les salles avec mon fils et ma mère, c’est de voir que tout est lié : la langue, la spiritualité, l’artisanat et la nourriture. Et tout cela se transmet d’une génération à l’autre. J’ai aussi fait réaliser à mon fils et à ma mère que manger ce n’est pas seulement une question de nutrition. Pour les Abénakis, comme pour plusieurs autres peuples autochtones, la nourriture est aussi une culture, un soin et un souvenir.

La colonisation a brisé beaucoup de ces liens, et les effets se font encore sentir aujourd’hui. Mais la culture alimentaire autochtone est toujours là. Elle reprend vie grâce à des agriculteurs et à des chefs qui sont de nouveaux gardiens du savoir alimentaire. Cette sortie nous a aidés à mieux comprendre l’histoire et à voir l’importance de la culture et de la nourriture dans la guérison et la réconciliation.

La nourriture comme pont

Après la visite, nous avons continué de parler ensemble de ce que nous avions vu. Mon fils, qui aime cuisiner en famille, m’a demandé de faire une recette autochtone. J’ai donc acheté le livre de recettes « Cuisine autochtone * » de Lysanne O’Bomsawin, une cheffe abénakise qui fait découvrir la richesse culinaire de sa communauté. Nous avons choisi de préparer sa recette de « Sagamité, version végétarienne ». C’est une soupe traditionnelle qui réunit les Trois Sœurs : le maïs, les haricots et la courge. Ces trois aliments ont une signification importante. Le maïs donne la structure, les haricots nourrissent la terre et la courge la protège avec ses grandes feuilles. Ensemble, ils montrent que chacun a besoin des autres, un peu comme dans les relations humaines qu’il faut cultiver dans le cadre de la réconciliation.

Cuisiner avec mon fils est toujours un beau moment. En coupant les légumes et en brassant la soupe, nous avons parlé du fait que la nourriture raconte des histoires et créent des liens et des souvenirs. Elle nourrit le corps, mais aussi la mémoire et l’identité. Pour les peuples autochtones, retrouver leurs recettes traditionnelles, c’est aussi retrouver une partie d’eux-mêmes.

Le repas était délicieux, mais le plus important, c’est la leçon que nous avons retenue : la culture et l’alimentation vont ensemble, et toutes les deux sont essentielles pour être bien.

Nutrition et réconciliation

Quand on pense à la réconciliation, on imagine souvent de grands gestes comme des excuses officielles ou des changements de lois. Mais la réconciliation on peut aussi la vivre dans de petits gestes de tous les jours : apprendre, écouter, partager. Et tout cela peut se faire sous le thème de l’alimentation. Pendant la colonisation, beaucoup de communautés autochtones ont perdu l’accès à leurs aliments traditionnels. Elles se sont retrouvées avec moins de choix, souvent de la nourriture de mauvaise qualité, ce qui a causé plus de maladies comme le diabète. Mais reprendre les recettes, la chasse, la pêche, l’agriculture et la cuisine traditionnelles, c’est une façon pour les communautés autochtones de retrouver leur force et leur identité.

Nous pouvons les soutenir en :

  • Apprenant sur leurs traditions alimentaires.
  • Encourageant les chefs et producteurs autochtones.
  • Réfléchissant à notre propre relation avec la nourriture et la terre.
  • Partageant des repas qui respectent et célèbrent ces traditions.

Des leçons pour la prochaine génération

Aller au Musée des Abénakis avec mon fils et ma mère, puis cuisiner ensemble, ce n’était pas seulement une sortie pédagogique familiale. C’était une façon de semer des graines de curiosité, de respect et d’ouverture qui fleuriront et donneront comme fruits, la compréhension de l’importance de la culture dans nos relations avec les communautés autochtones.

Les enfants apprennent non seulement par les livres, mais aussi par des expériences qui font appel à tous leurs sens. Voir des objets, entendre des récits, manger des aliments : tout cela rend la réconciliation concrète pour eux. Mon fils n’a pas seulement entendu l’histoire : il l’a vue, ressentie et goûtée. Et ce sont des expériences qui resteront pour toute sa vie. 

*Cuisine autochtone : saveurs et savoir-faire d’hier à aujourd’hui Lysanne O’Bomsawin, Montréal (QC), Éditions de l’Homme, 2024, 216 p. 

Article rédigé par Marie-Jean Cournoyer, Diététiste-Nutritionniste

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